La quête de la perfection ne nous fortifie pas, elle nous épuise. Elle ternit ce qui pourrait être léger, vole la spontanéité de ce qui pourrait être libre. Elle nous rend otages d'un idéal qui ne vient jamais, d'une approbation jamais suffisante.

L'idéal de perfection ne nous fortifie pas, il nous épuise. C'est un labyrinthe sans issue, où chaque pas semble insuffisant, où le repos est pris pour de la faiblesse et l'erreur pour un échec. Il vole la spontanéité de ce qui pourrait être libre, tel un oiseau hésitant à voler par crainte de ne pas atteindre la bonne hauteur.

Elle nous rend otages d'un idéal qui ne vient jamais, car le maître de la perfection est invisible et s'étend toujours un peu plus loin. Chaque réussite perd de sa saveur, car elle est bientôt remplacée par une exigence. L'approbation ne suffit jamais, car elle ne vient jamais de l'intérieur, et chercher à l'extérieur ce qui ne peut être ressenti qu'intérieurement est un jeu voué à l'échec.

La perfection n'accueille pas, n'embrasse pas, ne pardonne pas. Elle exige, exige, nous épuise. La vie ne se déroule pas dans les extrêmes de l'impeccabilité, mais plutôt dans le réel, là où il y a place aux trébuchements, aux improvisations et aux nouveaux départs. Car c'est dans l'imparfait que réside l'authenticité, et c'est dans l'authenticité que notre humanité respire librement.

Et si, au lieu de faire la guerre aux erreurs, nous apprenions à les accompagner ?

Voir dans l'imparfait non pas un défaut, mais une trace vivante de notre humanité ?

Certaines des meilleures choses de la vie ne suivent pas un scénario ; elles surviennent de manière improvisée, inattendue, dès l'instant où nous abandonnons le contrôle absolu et nous autorisons à simplement exister.

Gustavo Freire