Textes à méditer et Prières

Il y a des jours où l'on se réveille et où la vie semble avoir perdu de son éclat. Ce qui paraissait beau hier est banal aujourd'hui, le café a un goût fade, le soleil ne réchauffe pas, la rue n'est qu'une rue.

La poésie qui apportait autrefois la couleur s'efface, et il ne reste que la vie à l'état brut, sans voiles, sans charme.

Ces jours-là, impossible d'inventer la beauté, même là où elle a toujours été. Le quotidien pèse lourd. Tout paraît brut, littéral, sans place pour le romantisme. Et cette aridité est douloureuse, car nous nous sommes habitués à survivre grâce à de petites doses de sens. Lorsqu'elles disparaissent, nous nous retrouvons face à la réalité concrète.

Mais ces jours-là font aussi partie de la vie.

Nul ne vit dans un état poétique permanent. L'âme a besoin de pauses, de silences, de nuits sans étoiles. C'est dans le contraste entre enchantement et aridité que nous apprenons à apprécier chaque aperçu de la beauté qui revient.

Comment les appréhender ? D'abord, en les reconnaissant comme faisant partie intégrante de la vie. Nul besoin d'être constamment inspiré ou enchanté. La vie n'est pas qu'une succession d'instants lumineux ; elle est aussi faite de journées ordinaires, mornes et silencieuses.

Ces jours-là, il est bon de se rappeler que l'absence de poésie n'est pas permanente ; c'est un intervalle. Tout comme l'hiver n'empêche pas le printemps, l'aridité n'annule pas la possibilité d'épanouissement.

La poésie revient toujours, car elle vit dans le regard, et même si elle se referme un temps, le monde reste fissuré, afin que, lorsque nous serons prêts, nous puissions les redécouvrir.

En attendant, nous devons supporter l'intervalle avec humilité et connaissance de soi, car c'est en vivant des jours sans poésie que nous pourrons, à son retour, la reconnaître avec plus de valeur.

Nous ne sommes pas maîtres de l'enchantement ; la beauté ne se fabrique pas de force. Accepter l'idée que ces jours soient possibles nous apprend à supporter la réalité dans sa dureté et à accueillir, avec enchantement, les jours où la beauté se révèle à nouveau.

Puissions-nous apprendre qu'il n'est pas nécessaire de tout embellir, qu'il y a des moments où la vie ne peut être vécue que telle qu'elle est, brute, dure, sans voiles. Et puissions-nous, en acceptant ce voyage, être rassurés par la certitude que, tôt ou tard, la poésie reviendra toujours.

Gustavo Freire